Safari photo en Afrique du Sud
Début 2023, par hasard sur mon fil d’actualité Instagram, je suis tombée sur le compte de Karolina Norée, photographe animalière. Coup de cœur pour elle, la qualité de son travail et la sensibilité qui se dégage de ses images. J’ai donc commencé à la suivre, et puis un jour, une de ses publications annonçait un safari photo en Afrique du Sud. Je me suis dit: «Ça a dont bien l’air cool ça, je veux le faire!». Et c’était aussi simple que ça: je l’ai contactée pour faire la réservation.
Découvrez mes images tout au long de mon récit.
Ceux qui me connaissent savent combien j’aime les animaux, et ça ne date pas d’hier. Quand j’étais petite, mes parents étaient abonnés au magazine National Geographic, et je découpais les images des animaux afin d’en tapisser les murs de ma chambre. Zèbres, éléphants, girafes, singes et autres ont fait partie de mon imaginaire depuis aussi loin que je me souvienne.
J’ai une expertise en photographie commerciale et lifestyle avec les animaux domestiques, et je dirais même que la photo de chats de ruelles peut s’apparenter à la photo animalière sauvage sur plusieurs aspects. Mais photographier des animaux sauvages dans leur milieu naturel est loin d’être mon créneau habituel. Ce qui m’a d’autant plus attirée de ce safari, c’est qu’il s’agissait aussi d’un workshop photo. Quoi de mieux que d’acquérir de nouvelles connaissances en photographie tout en admirant ces animaux de mes rêves!
À l’approche du départ
Vient le jour du départ, presque un an après avoir fait la réservation. On met ce projet de côté dans sa tête, puis tout à coup, le grand jour approche à une vitesse éclair! Je vous parlerai de mon équipement plus loin, mais en route vers l’aéroport de Montréal, j’ai fait un arrêt au Gosselin Photo de Brossard, où ils m’ont gentiment mis de côté la Sigma 60-600 mm f/4.5-6.3. Je ne m’étais jamais servi d’un téléobjectif avec une aussi longue focale, ça serait donc une nouvelle expérience. Attention, prévoyez de la place dans votre bagage!
Un long trajet m’attend, et j’ai décidé de faire un arrêt à Cape Town pour prendre quelques jours de repos avant un troisième vol qui me mènera à l’aéroport de Hoedspruit, près du parc National Kruger. Si vous voulez savoir ce que j’ai fait pendant ce temps, consultez mes articles sur mes impressions personnelles de ma visite à Cape Town et sur les manchots de Boulders Beach.
À mon arrivée à l’aéroport de Hoedspruit, je suis accueillie par Karolina et son conjoint, Craig, qui sera également notre guide tout au long de cette aventure. Tandis que Karolina nous enseignera les technique de photographie animalière et de retouche, Craig, lui, connaissant parfaitement le terrain, nous guidera. ll suivra les pistes pour nous orienter vers des scènes intéressantes, nous gardera en sécurité grâce à ses connaissances pointues du comportement animal et nous transmettra son savoir sur cet univers fascinant des animaux d’Afrique du Sud.
Klaserie Nzumba camps
Pendant environ une heure, nous avons suivi une route non pavée, parfois cahoteuse, qui nous menait à la réserve naturelle Klaserie Camps Nzumba (Nzumba Lodge), en bordure du parc National Kruger. En chemin, j’ai déjà eu un aperçu de ce qui m’attendait: des éléphants, des girafes et des zèbres nous saluaient. Tandis que je poussais des «oooohhh» et des «aaaaawww» beaucoup trop expressifs, le chauffeur, avec une grande patience, ralentissait à leur passage pour me laisser les admirer. Le sentiment lorsque l’on voit ces géants dans leur habitat naturel, c’est indescriptible.
Une fois au camp, nos hôtes, étaient présents pour nous souhaiter la bienvenue, prendre en charge nos effets personnels et nous expliquer le fonctionnement des lieux. Le camp est situé au cœur de la réserve naturelle et quelques règles s’appliquent puisque, à l’exception des éléphants, les autres animaux sont libres d’y entrer.
Je suis habituée à voyager simplement alors je n’étais clairement pas préparée à tant de beauté! Je pourrais vous décrire en long et en large ma chambre absolument somptueuse et les lieux enchanteurs, vous dire combien les employés sont dévoués, gentils et généreux, vous parler de l’étang que je pouvais observer directement de ma fenêtre, où une foule d’animaux venaient s’abreuver, de la piscine, de la nourriture… J’ai déjà bien mangé en voyage, mais ici, c’est difficile à battre! Le camp en soi est une expérience à vivre.
Avant de m’installer dans ma chambre, que dis-je, mon appartement, j’ai fait connaissance avec les autres personnes qui participaient au safari et qui étaient déjà arrivées. Nous explorions déjà le terrain, excités, caméra à la main.
Que l’aventure commence!
Nous étions prêts à nous lancer à l’aventure dans notre véhicule 4×4 tout-terrain. Peter, notre pisteur, assis sur un siège surélevé à l’avant, Craig au volant, les cinq joyeux photographes éparpillés dans le véhicule, et Karolina à l’arrière, toujours prête à nous donner des conseils photo.
Cette équipe contribue indéniablement au succès de l’expérience. Peter «is born in the bush», non seulement il aide Craig à coordonner les déplacements du véhicule, mais il nous mène également là où se passe l’action. Son rôle est d’avoir des yeux partout, et souvent, Craig et lui descendaient du véhicule pour déchiffrer les indices de plus près. Les empreintes laissées au sol par les animaux racontent une histoire: où allaient-ils? Couraient-ils? Étaient-ils suivis? Quand sont-ils passés par ici? Toutes ces réponses pour nous orienter dans la bonne direction.
Karolina, quant à elle, ne manquait pas une occasion de nous rappeler les techniques afin de réussir au mieux nos images, elle en est devenue la petite voix dans ma tête.
J’étais totalement préparée à cette aventure, c’est-à-dire à accepter la nature telle qu’elle est et à voir ce qui viendrait à nous. Je n’avais aucune attente particulière concernant les animaux que je souhaitais voir, et je crois que c’est la meilleure façon de vivre une telle expérience. Je suis d’autant plus reconnaissante envers tous ces magnifiques animaux qui ont accepté notre présence et nous ont permis de les observer dans toute leur magnificence.
En plus, je suis bien placée pour savoir combien il est difficile de créer des images parfaites. Je ne me suis donc pas mise de pression ni fixé de but lié à la performance. Je m’étais plutôt donné des objectifs: j’espérais récolter au moins 3 ou 4 images dont je serais fière, 5 ou 6 intéressantes, et les autres feraient office de souvenirs.
Une sortie comment ça se passe?
Lors de nos game drives du matin, une bouillotte chaude et une couverture nous attendaient sur nos sièges. À notre retour, on nous accueillait avec des débarbouillettes humides pour nous laver les mains, souvent couvertes de poussière. En parlant de poussière, l’idéal est de couvrir ses caméras lors des déplacements afin de les protéger au maximum.
Comme nous étions 5 photographes, je pensais devoir sacrifier de belles images parce que j’aurais parfois quelqu’un devant moi, mais le véhicule étant très grand et entièrement ouvert, ça n’a pas été le cas. Le groupe a même contribué à rendre l’expérience encore plus agréable et une belle synergie s’est installée!
Il faut dire que les personnes attirées par un safari photo sont des passionnées de photographie animalière et comprennent l’importance de la discrétion. Ce qui correspondait à ma vision de ce type d’expérience. J’ai aussi été agréablement surprise de voir à quel point chacun avait le soucis de l’autre, et que dire de l’entraide lors des ateliers de retouche photo. C’est incroyable de constater tant de points communs entre des gens venant des quatre coins du monde.
Horaire de journée
L’horaire typique de la journée est entièrement pensé en fonction de la photographie. Les sorties sont toutes organisées pendant les heures de belle lumière, avec des périodes de repos lorsque celle-ci est moins favorable.
- Réveil à 5h30 du matin
- Petit goûter avant le départ pour la première game drive
- Départ à 6h15 pour la première game drive, incluant un arrêt dans un panorama époustouflant pour un léger snack
- Retour vers 10h pour le petit-déjeuner
- Séance de retouche et théorie supervisée par Karolina
- Goûter en après-midi
- Départ vers 15h pour le deuxième safari de la journée, incluant un autre arrêt snack dans un endroit bien choisi
- Retour vers 19h30 pour le souper
- Coucher vers 21h30
Environ 8 heures de safari par jour, en plus des ateliers. Ce sont des journées bien remplies, on peut dire qu’on en a profité à fond!
L’importance de l’éthique
Ma crainte en participant à un safari photo était d’encourager une sorte de «zoo géant». J’ai parlé de cette inquiétude à Karolina et Craig, qui vivent les réalités de l’Afrique depuis longtemps, et voici leur point de vue:
«Le parc national n’existerait tout simplement pas sans les revenus engendrés par le tourisme. Et sans parc national, la majorité de ces animaux auraient disparu. Le territoire aurait été occupé par des projets immobiliers ou miniers puisque le sol du Parc National Kruger regorge de ressources convoitées.
Faire un safari encourage directement l’industrie touristique et, par le fait même, la protection du parc national. C’est un compromis qui n’est pas parfait mais qui demeure la meilleure solution à la protection de la faune.» – Karolina et Craig.
L’importance d’avoir un bon guide qui se soucie avant tout du bien-être des animaux est également primordiale. Lorsqu’une situation risquait de mettre trop de pression sur un animal, Craig nous en expliquait les raisons, et nous nous dirigions simplement ailleurs. Cette maman éléphant tente-t-elle de protéger ses petits? Cette hyène est-elle en chasse? Allons-nous trop intervenir ne serait-ce que par notre présence? C’est là qu’un guide d’expérience fait toute la différence.
Avoir un guide expérimenté c’est aussi s’assurer d’être en sécurité et d’être pris en charge par des gens qui sauront comment agir en cas de situation problématique avec un animal.
La suite au parc National Kruger
C’est le cœur gros que je quittais ma magnifique maisonnette, mais une autre aventure m’attendait. Après quatre jours incroyables passés au camp Nzumba, je prolongeais mon séjour, cette fois dans le parc national Kruger. Pour cette occasion, j’allais être accompagnée par Karolina et Craig pendant les deux prochains jours.
Nous reprenions donc la route, direction le parc National. Une fois sur place, je constate rapidement que l’ambiance est complètement différente. Ai-je préféré mon séjour dans la réserve privée de Klaserie? Oui. Mais le parc national est plus convivial, par exemple pour les voyages en famille. Ce n’est pas un commentaire négatif, simplement un constat et j’ai totalement adoré mon expérience.
J’étais logée dans le camp Pretoriuskop, dans une coquette demeure qui rappelait nos yourtes, avec tout ce dont j’avais besoin. Autour de moi, il y avait d’autres maisonnettes, un camping avec des roulottes et des tentes, une boutique, un restaurant, une piscine et une aire de jeux pour les enfants. Le camp étant entouré de hautes clôtures, il est tout à fait sécuritaire d’y circuler à pied. Un vrai Jurassic Parc… sans la catastrophe!
Le rythme plus lent par rapport à la première portion de mon voyage m’a permis de me reposer dans les après-midi, ce qui ne m’a pas déplu. J’en ai profité pour faire de longues marches sur le camp et photographier la mafia locale: les singes de Vervet! Mignons et malicieux, attention, ne laissez pas la porte de votre maison ouverte, ces voyous rusés risquent de tout dérober!
Pendant ces deux derniers jours, j’ai rempli ma tête de toutes ces belles images qui défilaient devant mes yeux…
La saison beige
On est en août et c’est l’hiver ici en ce moment, la saison idéale pour observer les animaux puisqu’ils sont plus faciles à repérer. Les arbres et buissons, dépouillés de leurs feuilles facilitent les recherches et les températures sont généralement agréables. Il faut s’attendre à des tons chauds et des harmonies de beige, j’adore!
Il paraît qu’en été, le paysage est complètement transformé, vert et luxuriant, mais on imagine que le défi photographique doit être de taille! Le moment idéal pour bien vivre cette saison, sans la chaleur insupportable, serait en février.
Côté température et vêtements
Les matins et fins de journée, c’est plutôt frais. Vivement les petites bouillottes qui nous attendaient sur nos sièges! Je n’ai porté aucun short, seulement des pantalons légers. Le matin, j’enfilais facilement 2 ou 3 couches pour le haut du corps, dont un polar et une doudoune légère en plume. La casquette ou les chapeaux sont également pratiques pour se protéger du soleil et du sable. En après-midi, bien que ce soit l’hiver ici, les températures peuvent grimper jusqu’à 30 degrés. Je recommande tout de même de porter un pantalon long pour plus de confort dans le véhicule, mais un t-shirt est suffisant pour le haut. Crème solaire et baume à lèvres!
Les sentiments qui m’ont habitée
Adrénaline, plénitude et reconnaissance sont les trois mots qui me viennent à l’esprit quant à ce que j’ai ressenti en vivant cette expérience. Adrénaline, parce que parfois, être sur la trace d’un lion ou d’un léopard peut être «archi thrillant», en plus de l’excitation de trouver ce que l’on espérait après parfois des heures de recherche et d’avoir pu le capter! Et d’autres fois ces recherches donnent sur d’autres belles surprises…
Plénitude, car le sentiment d’accomplissement et de bien-être est automatique dans un endroit si extraordinaire. Être dans un état de contemplation constant rend serein.
Reconnaissance, parce que c’est une expérience incroyable que tant d’animaux, tous aussi sublimes les uns que les autres, dans leur habitat naturel, nous permettent de les observer.
Dans mon sac
J’ai apporté mes deux boîtiers Nikon Z6II, ce qui m’a permis de monter deux objectifs différents et de bénéficier d’une rapidité d’exécution. Avec un seul boîtier, les risques d’accumulation de poussière lors d’un changement d’objectif dans ces conditions sont élevés! Vous pouvez par contre parfaitement vous en sortir avec un seul boîtier; j’étais d’ailleurs la seule à en avoir deux. Dans ce cas, je vous suggère un téléobjectif ultra-polyvalent, comme le Sigma 60-600mm que j’ai utilisé pour l’occasion.
J’avais également apporté mon 70-200mm, qui m’a été quasi inutile étant donné que le Sigma couvrait la même plage, à l’exception que le 70-200mm est f/2.8 et je craignais être déçue par la plus petite ouverture du Sigma. Finalement, j’avais déjà beaucoup à gérer avec l’utilisation de techniques qui m’étaient pratiquement inconnues, et je ne voulais absolument rien manquer des scènes qui se déroulaient sous mes yeux. Changer de caméra me semblait donc superflu et j’ai alors essentiellement utilisé le Sigma. Ça a été toute une adaptation, d’abord pour le manier de façon stable (oh oui, j’ai beaucoup de photos floues), et ensuite à cause du zoom qui fonctionnait dans le sens opposé à celui de tous mes autres objectifs. Cette différence m’a fait manquer quelques scènes précieuses par réflexe de tourner dans l’autre sens. Le contexte n’est pas toujours facile non plus, nous sommes plusieurs dans un véhicule qui bouge et nos sujets sont également en mouvement.
J’avais aussi dans mon sac un grand angle 14-30mm, qui peut parfois offrir des effets intéressants en paysages. Quasi inutilisé également, car le focus des safaris était clairement sur le portrait animalier. Bien que j’aie vu défiler une multitude de paysages que j’aurais volontiers captés, je n’en suis aucunement déçue. Ces images restent des souvenirs dans mon cœur. Il est si important, en tant que photographe, de parfois poser l’appareil et de vivre le moment…
Mon objectif fétiche de voyage, le 24-70mm, m’a bien sûr accompagnée, et oui, je l’ai utilisé à quelques reprises. Je n’avais pas apporté ma macro, bien que j’aie longuement hésité, mais c’était un bon choix; je n’aurais clairement pas eu assez de temps pour l’utiliser.
Mon ordinateur, un disque dur pour mes sauvegardes, des cartes mémoire, des chargeurs et des batteries, voilà ce qui a complété mon arsenal!
Matériel photo :
- Deux boîtiers Nikon Z6II
- Sigma 60-600mm – F4.5-6.3
- Nikkor 24-70mm – F2.8
- Nikon Z mount 14-30mm F4.5
- Nikkor 70-200mm – F2.8
- Trois batteries
- Sac à dos
- Ordinateur
- Disque dur back up
- Cartes mémoire
- Chargeurs
Le type de photographie que j’ai expérimenté lors de ce voyage a beaucoup de points communs avec mes projets photographiques sur les chats de ruelles. Dans les deux cas, il y a une «chasse à l’image» pour trouver les sujets: repérer l’animal, l’habituer tranquillement à notre présence, tenir compte du décor, de la lumière, de l’expression.
J’ai également appris une foule de nouvelles techniques que je pourrai appliquer dans mon travail au quotidien. Quelle expérience incroyable, un voyage de rêve! Ce voyage n’aurait pu être un succès sans Karolina et Craig, deux personnes absolument extraordinaires et totalement passionnées par leur domaine, merci de tout cœur pour cette expérience que je n’oublierai jamais.
Photos: Geneviève LeSieur photographe, Nikon Z6II, objectif Nikkor 24-70mm F2.8, 70-200mm F2.8 et Sigma 60-600 F4.5-6.3.
Geneviève LeSieur
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